Journée d'Etude du 4 avril 2014 à Caen - "Conflits familiaux autour de la personne âgée, la médiation familiale au service des aidants"
A l’heure où la société française toute entière doit se saisir de la question du vieillissement de sa population et considérer les nécessaires adaptations que cela implique, la Fenamef confirme son investissement sur cette problématique, en proposant que la médiation familiale se mette au service des aidants, en lien avec les familles et les institutions confrontées à cette situation.
Ainsi, après une première journée d’étude consacrée aux conflits familiaux autour de la personne âgée, organisée par la Fenamef le 11 décembre 2012 à Paris, une déclinaison de cette journée en région a été proposée à Caen le 4 avril 2014 avec le soutien de l’AG2R. Placée sous le haut-patronage de Madame Michèle DELAUNAY, alors ministre déléguée aux personnes âgées et à l’autonomie, cette journée a réuni plus de 150 participants.
Les propos ci-après se font l’écho des regards croisés des sociologues, médiateurs familiaux, médiateurs d’entreprise et directeurs d’EHPAD qui sont intervenus lors de cette journée.
A l’heure où nous sommes confrontés à un certain nombre de mutations sociétales, la question du lien est à interroger aujourd’hui à différents titres, notamment au sein de la famille.
L’institution famille, cette communauté de personnes qui habitent sous le même toit, s’est trouvée fragilisée avec l’apparition du divorce et n’offre plus la même cohérence qu’autrefois. L’individualisme prime au sein des familles, allant jusqu’à y remettre en cause l’appartenance et la fidélité, avec la dimension de l’utilitarisme en toile de fond. Il arrive aussi qu’une dimension de solitude s’invite, renvoyant à l’injonction de réussir sa vie par soi-même. Un excès d’individualisme, dans une société de performance, amenant à une consommation croissante de psychotropes et au développement des addictions, révèle trop souvent le besoin d’adhérer à quelque chose au lieu de nous lier à nos proches. La famille aurait pu être cet espace où il nous est possible de nous inscrire dans la durée, en sécurité. Mais aujourd’hui, nous le savons bien, nous pouvons nous engager à durée déterminée.
Ainsi la famille décomposée, recomposée, serait entrain de voler en éclat, bien que les chiffres semblent, eux, révéler le souhait de continuer à s’inscrire dans une dynamique d’alliance, moins formelle : alors qu’entre 2000 et 2013, une diminution de 25% du nombre des mariages a été constatée, une augmentation concomitante de 22% des PACS est apparue, le taux de fécondité restant, lui, élevé, à hauteur de 2,03%.
La question des conflits, dans ce contexte, pourrait bien évidemment renvoyer à une dimension mortifère. Elle peut, bien au contraire, être source de richesse au sein de la sphère familiale, identifiée comme le premier lieu d’apprentissage des nécessaires négociations, de la gestion des tensions, où les limites de l’individualisme sont posées dans un cadre sécurisant. Si cet individualisme est venu accentuer les tensions, la famille, aujourd’hui, n’est plus un empêchement à devenir soi-même.
Il importe, ici, de tenir compte, dans notre analyse, d’un fait sociétal majeur, amené à être la clé de lecture de notre société dans les trente prochaines années, qu’est le vieillissement de la population française.
Un tiers de la population française aura, en 2050, plus de 60 ans, ce qui concerne 22 millions de personnes ! Il s’agit là des effets cumulés du babyboom, de l’amélioration de notre système de santé et de l’augmentation de l’espérance de vie.
Or, 75% des personnes dites « âgées » sont malades, parmi lesquelles 25% sont atteintes d’une maladie invalidante.
Cette situation interroge d’ores et déjà l’intergénérationnel. Historiquement, les plus jeunes prenaient en charge les plus vieux. Dans le contexte économique actuel, marqué par un fort taux de chômage, les plus âgés, qui vivent plus longtemps, prennent bien souvent les plus jeunes en charge. En cela, l’idée de la famille et de la responsabilité reste vive et actuelle.
Il est, en outre, important de s’interroger sur la réhabilitation de la dimension de la dignité, qui renvoie à la conservation de certaines capacités (cognitives, de mobilité...), en lien avec le regard posé par le proche, l’aidant. Même diminué, un être humain conserve sa dignité à travers la valeur que je lui reconnais. Cette question peut renvoyer à celle de l’apprentissage de la perte lié au vieillissement qui peut être source de conflit au sein des familles. Rappelons que le taux de suicide chez les personnes âgées est particulièrement élevé dans notre pays, concernant 28% d’entre elles. Ce chiffre ne révèle pas seulement un appel à l’aide mais bel et bien un passage à l’acte recherché : ¼ des tentatives de suicide chez les personnes âgées sont des tentatives qui ont réussies !
8 à 10 millions de personnes ont un statut d’aidant aujourd’hui en France. Plus de 4 millions d’entre elles sont engagées auprès des personnes âgées, 20% d’entre elles accompagnant des personnes avec lesquelles elles ne sont pas liées sur le plan familial. Victimes d’une invisibilité sociale jusqu’en 2010, la réponse apportée concernant leur statut reste aujourd’hui insatisfaisante. Le bénévolat, passé de 18 à 21 millions en 3 ans et concernant 32% des 15-35 ans, ne cesse d’augmenter. Or, il existe une surmorbidité et une surmortalité chez les aidants qui décèdent souvent avant l’aidé. D’où la nécessité impérieuse de travailler sur les possibilités de répit et de soutien (formation) des aidants. 47% des aidants exercent en effet une activité professionnelle concomitante à leur aide. Un actif sur dix est aujourd’hui un aidant familial. A court terme, 20% des salariés français seront dans une situation d’aide familiale. Comment, dès lors, concilier temps de travail et temps d’aide ? Question dont les entreprises ont commencé à se saisir, renvoyant à leur responsabilité sociale.
L’aidant familial est dans une situation de perpétuelles ruptures qui amène à reconsidérer les priorités de vie. Or, dans le cadre professionnel, seuls 20% des aidants ont parlé de leur situation à leur supérieur direct, moins encore au médecin du travail. L’importance, dans ce contexte, de se donner les moyens de libérer la parole au sein des entreprises n’est plus à démontrer.
Considérant l’urgence de la mise en place d’une politique sociale en faveur des personnes âgées et des aidants - qui nécessite une adaptation des politiques existantes, notamment en terme de logement et de politique de la ville, de redéfinition des solidarités - des solutions privées ou para privées se dessinent, parmi lesquelles la médiation familiale a toute sa place. Il est urgent de proposer une offre de lien, préventive, en amont des processus de conflit voire de rupture, ou susceptible d’accompagner le processus de mise en mots et de travailler le « choc des contraintes » pour les aidés, les aidants et les professionnels. Permettre aux médiateurs familiaux de se former à « la question de l’âge » et aux acteurs sociaux engagés auprès des personnes âgées de se sensibiliser aux enjeux de la médiation familiale est aujourd’hui d’une actualité cruciale.
Afin de répondre à ce double enjeu, la Fenamef a depuis créé un nouveau groupe de travail au sein de la commission Médiation.
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